(C) OSR et Cybel'Art
Il fallait bien que l’Orchestre de la Suisse Romande (OSR) prenne, une fois de plus, une longueur d’avance. Depuis sa création, cette institution genevoise a toujours été à la pointe de l’innovation, et l’histoire le prouve. Rendons hommage à Ernest Ansermet, qui réalisa en 1954 avec l’OSR le premier enregistrement symphonique stéréophonique. Déjà à cette époque, l’orchestre avait compris l’importance de la technologie pour la diffusion de la musique. Aujourd’hui, en 2025, la donne n’a pas changé : l’OSR continue d’ouvrir la voie en lançant Virtual Hall, une application de réalité virtuelle qui plonge littéralement le spectateur au cœur de l’orchestre !
Une immersion totale dans un concert symphonique
L’idée, on la doit à Steve Roger, directeur de l’OSR, qui a voulu donner à chacun la possibilité de vivre un concert de l’intérieur, grâce aux nouvelles technologies. C’est la société suisse Cybel’Art https://www.cybelart.com/qui a développé cette application, et le résultat est tout simplement bluffant.
J’ai essayé. Et je peux vous assurer que la sensation est saisissante. D’abord, il y a ce moment de vertige en entrant dans le Victoria Hall. On lève les yeux, et la fameuse fresque est bien là ! On tourne la tête, on voit les musiciens, concentrés, presque prêts à jouer. On est saisi par une impression étrange, celle d’être un intrus, un spectre silencieux parmi les instrumentistes. Et pourtant, on peut s’asseoir au milieu d’eux. Sensation très bizarre : je me retrouve au milieu des musiciens, j’ai peur de déranger, et pourtant, je me sens invité, accepté, comme une figure amie et familière !
Puis vient la grande révélation : le choix de l’angle des caméras permet de se déplacer dans l’orchestre, de glisser d’un pupitre à l’autre, de vivre la musique sous toutes ses facettes. Mais le plus impressionnant, c’est la vue depuis le poste du chef, ici, on reconnaît Jonathan Nott, chef titulaire de l’OSR. On se retrouve à la place de l’homme qui donne vie à la musique, et soudain, nos mains apparaissent en réalité virtuelle. On tient la partition, on peut la suivre en temps réel, on peut l’agrandir, tourner les pages, comme si l’on se préparait à diriger l’orchestre. C’est tout simplement vertigineux !!
Un outil révolutionnaire pour tous
Avec Virtual Hall, la musique symphonique devient accessible à tous, partout. Plus besoin d’être physiquement présent à Genève pour vivre un concert de l’intérieur. Plus besoin d’être musicien pour sentir l’orchestre vibrer autour de soi.
Pour l’instant, l’application ne propose que deux œuvres, mais le catalogue est appelé à s’enrichir :
* La 3e Symphonie “Eroica” de Beethoven, un choix évident tant cette symphonie incarne la grandeur, l’audace et la révolution musicale.
* L’Ouverture de Guillaume Tell de Rossini, une œuvre spectaculaire qui, avec ses contrastes et son énergie, est idéale pour démontrer la puissance immersive de cet outil.
On imagine déjà toutes les possibilités pédagogiques et artistiques qui s’offrent à nous. Suivre une partition en direct, comprendre les subtilités du jeu orchestral, se former à la direction, explorer l’orchestre comme on explorerait un monde nouveau… L’application, disponible dès le 10 mars 2025 sur Meta Quest, et bientôt sur Apple Vision Pro et Pico, promet de transformer notre rapport à la musique classique.
L'innovation au service de l'émotion
Il n’y a pas que la Symphonie héroïque de Beethoven. Il y a aussi cet orchestre héroïque qui ose réinventer l’expérience symphonique. C’est bien de cela qu’il s’agit : ouvrir un nouveau chapitre dans la démocratisation de la musique classique, en prouvant que technologie et émotion ne sont pas incompatibles, bien au contraire. Virtual Hall n’est absolument pas un gadget : c’est une révolution sensorielle, une nouvelle manière de vivre la musique comme jamais auparavant.
Et si le véritable progrès, c’était justement de rendre la musique classique accessible à tous, sans frontières ni barrières ?